Il s’agissait de restructurer un appartement haussmannien de cinq pièces orienté au sud sur la rue par cinq grandes fenêtres, et sur cour. Les cloisons existantes ont été abattues et les porteurs en partie remplacés par des structures métalliques ; l`espace s`organise autour du mur central conservé, et dégage des visions périphériques ou diagonales. La périphérie est laissée blanche, comme une sorte de site existant, et les cloisons nouvelles sont en couleur.

On a ouvert une grande percée entre la bibliothèque et le séjour, et sur cette diagonale ont été disposés des claustras de bois qui mesurent la profondeur. Une seconde diagonale dirige le regard vers la chambre à travers un passage et un volet de bois. Les pliages des pièces d`eau appuient cette deuxième direction. La cuisine est située derrière l’équerre rouge du séjour, on longe une courbe pour y aller. Les portes ont disparu (il n`y en a en fait que pour la salle d`eau et les toilettes) en devenant des pliages comme les autres (un détail fait pour le béton et construit en carreaux de plâtre) ou sont autre chose, comme la porte coulissante toute hauteur de la cuisine.

Le statut des couleurs est pictural. Aucune d`elles ne correspond à un espace particulier ; elles s`éclairent par reflet et s`éteignent sur le bois sombre du sol. Dans un espace naturellement lumineux, il y a du plaisir à jouer avec des couleurs sombres. Le parquet est posé par grandes plaques d’orientation et de teintes différentes séparées par des joints en laiton, qui confortent l’orientation de l’espace.

Le travail le plus long du projet a porté sur la simplicité du plan. Et ensuite sur les détails et les articulations, dont on voudrait qu`ils se dessinent tout seuls. Ce travail à ôter toute trace du travail laisse à l`architecture le cœur de l`appartement, au lieu le plus sombre et encore assombri par la couleur marron glacé ; un cœur moderne où l`on verrait luire doucement des ongles noirs, comme dans Éloge de l’ombre. L`architecture s`est concentrée là parce que le projet est centrifuge et qu’on on ne pouvait en mettre trop ailleurs. Ici, on comprend tout. L`appartement est peut-être plus beau la nuit que le jour. Il est calme et vaste : on n`en voit pas le bout.