La Maison des solidarités abrite différents services sociaux du conseil général de la Seine Saint-Denis : protection maternelle et infantile, circonscription de services sociaux et aide sociale à l’enfance. Elle se situe dans un quartier de pavillons et de petits immeubles collectifs, sur une avenue qui a été élargie pour le passage du tramway.
Le projet devait rétablir la continuité urbaine mise à mal par cet élargissement, sans pour autant installer un front bâti trop opaque : l’horizontale ancrée et soulevée permet à la fois de pacifier le quartier, de rassembler visuellement des programmes différents, et de renouveler la figure de l’abri protecteur à l’échelle urbaine. Cette horizontale qui pacifie la ville est une sorte « d’épaisse dentelle » de béton qui met la ville à distance tout en la regardant : son épaisseur fait de sa traversée un évènement.
Cette longue horizontale du projet va unifier des modulations, des événements plastiques et plusieurs entrées: par un jardin vers le centre PMI, par le hall pour les autres services, plus « difficiles ».
Bâtiment public très présent, le projet doit aussi offrir discrétion et intimité aux usagers et au personnel. Cette ambiguïté se traduit sur le plan formel : on a conforté l’alignement urbain tout en offrant des cadrages sur une petite ville intérieure : un jardin ensoleillé, privé mais vu des passants. La faible profondeur de la parcelle a suggéré une figure simple et efficace : la ligne se plie pour former une équerre, où les bureaux sont au calme, vers l’intérieur de la parcelle, dans une lumière abondante et contrôlée.
La façade épaisse sur rue est dessinée par les espaces servants : sanitaires, archives, ascenseur, escalier protégé, etc. Ils lui donnent son côté sculptural et son statut urbain. A l’arrière, le bâtiment est isolé par l’extérieur, et l’éclairage des espaces du travail prime. Côté rue, une paroi urbaine de béton, creusée d’ombre pour recevoir la lumière de l’ouest ; côté jardin, des façades légères en bois optimisées pour l’excellence thermique. Ce dispositif permet d’assurer les performances énergétiques (c’est un bâtiment BBC) sans rien sacrifier à « l’intelligence urbaine » du projet.
Le jardin du centre PMI est une sorte de place intérieure. La Maison « se tient à distance », en quelque sorte, et reconstitue avec ce jardin une manière de place intérieure qui contribue à son image. Ce dispositif supprime tout pignon : le projet crée son propre espace de recul, son petit parvis : un « luxe » qui conforte son statut de bâtiment public.