Maître d’ouvrage : Ministère de la Culture du Liban | Architecte associé : Karim Basbous | SHON : 16 000 m2 | Concours : 2009 | Programme: salle de spectacle et de conférences (800 places), salle multimédia (250 places), cinémathèque, salles de travail et de formation, hall d’expositions, accueil, administration, cafétéria et parvis |
Dans une région marquée par des tensions et des divisions communautaires, les lumières universelles de l’art apaisent et rassemblent. Dans une société attachée a sa tradition démocratique, elles nourrissent un appétit de liberté. Dans une ville encore habitée par l’esprit de commerce qui l’a fondée et où l’on circule plus qu’on ne flâne – entre gens pressés –, il faut apprendre à ralentir le pas, à prendre le temps d’apprécier ce que la pensée humaine peut donner de plus élevé, de plus gratuit et de plus saisissant : une œuvre d’art.
Concevoir le MAC, c’est prendre la mesure du symbole que représente un programme destiné à être beaucoup plus qu’une sorte « d’animation culturelle » : l’architecture, que Giorgio Vasari qualifiait de « mère des arts », va réunir ici la musique et les arts plastiques, les arts de la scène et le cinéma, les artistes et les spectateurs, tous ensembles dans un lieu à la fois insolite, généreux et convivial : un espace public intérieur.
Un palais traversé d’air et de lumière
A la dichotomie simpliste qui ne connaît que les pleins et les vides, l’édifice oppose la richesse d’un espace où la ville occupe l’intérieur. Pour installer en son cœur ce vide à l’échelle urbaine, le bâtiment se gonfle et occupe toute la périphérie constructible de
Ce dispositif est aussi une manière de rendre hommage à la mémoire des demeures séculaires qui ont fait l’image des rues de Beyrouth : la dignité d’un cube simple, dont les faces sont animées et enrichies de percements et de saillies.
L’architecture du MAC n’est pas l’expression d’une tendance éphémère ; la pérennité d’un tel programme demande une forme tranquille, sûre des qualités urbaines qu’elle offre, une forme qui inscrive l’édifice dans le temps long qui fait la patine des villes ; une forme dont les qualités plastiques nous relient aux premiers temples du Levant : les arêtes vives, les ombres franches, l’hospitalité d’une protection ombreuse laissant passer « l’air de la ville ».
Un coffre à lumière
Le projet doit satisfaire les directives d’un programme complexe en exploitant le potentiel d’une parcelle située en bordure du centre-ville et adossée à une voirie pour le moment inhospitalière et qui divise la ville en cet endroit :
- Côté ring, le bâtiment est vu de loin et participe d’un skyline en devenir. Il offre au coup d’œil de l’automobiliste l’image puissante d’un portique aux lignes simples et fortes. Le « pont » qui enjambe le vide pour former ce portique abrite l’administration du MAC. La cage de scène de la grande salle occupe la partie ouest, et ses grandes parois jouant sous le soleil servent de support visuel à la communication de l’institution. Cette façade vise à produire un effet d’étonnement, en rompant la monotonie des façades du ring, tout en respectant le même gabarit en hauteur que les voisins : la rupture se fait en creux. L’enceinte s’ouvre amplement sur l’angle sud-est, qui donne son statut exceptionnel à l’édifice et en devient la « vitrine » à l’échelle de
- Sur
La grande échelle du ring et la petite échelle du square Riad el Solh traduisent deux images de la ville qui dialoguent dans le site : le projet se structure autour de ces deux aspects du Beyrouth actuel que l’espace urbain intérieur va relier et dont il veut organiser le dialogue. Pour ce faire, on s’installe entre deux « parois » parallèles :
- Côté est, une aile « épaisse » aligne, entre les voiles d’une structure monumentale à l’échelle du bâtiment, les espaces répétitifs de taille moyenne tels que boutiques, studios, ateliers, classes, et centre de documentation.
- Côté ouest, une aile plus maigre contient les services indispensables au fonctionnement des deux salles de spectacles et de la salle d’exposition : monte-décor, sanitaires, loges, ateliers, issues de secours.
Ce dispositif de répartition programmatique conforte la transparence urbaine entre les deux faces. Il génère également une structure à l’échelle du bâtiment tout entier, une structure de hautes poutres qui enjambent le vide, portées sur les voiles des parois latérales. On débarrasse ainsi l’intérieur de tout porteur pour le laisser libre d’accueillir les plus grands programmes, on crée un coffre de lumière pour abriter le MAC.
Découvrir, parcourir, redécouvrir
Ouvert sur
Les circulations verticales sont l’occasion de promenades sous le ciel du bâtiment : on circule rapidement par les ascenseurs, on flâne le long de rampes comme autant de balcons intérieurs, on emprunte des escaliers dont chaque palier est un belvédère. Le MAC tout entier est un théâtre où foyers et rampes sont des loges.
Fonctionnement
La salle de spectacles dispose de gradins amovibles sur vérins, afin de répondre à l’exigence de flexibilité demandée. Lorsque ses gradins sont à plat, la salle s’ouvre directement sur le foyer du rez-de-chaussée où donnent également les salles de réunion : c’est la configuration « congrès ».
En mode « à l’italienne », les foyers se trouvent au niveau haut des fauteuils d’orchestre et au niveau du balcon : ce dernier est partagé avec la salle de cinéma. Les foyers superposés forment un véritable « foyer vertical » qui regarde la ville par de grandes baies, tout en offrant des vues sur l’espace intérieur.
Au niveau 4, le dernier foyer donne accès à la salle multimédia et aux salles d’exposition qui sont organisées en deux parties : l’une est située sur le toit de la grande salle de spectacle, l’autre est suspendue au-dessus du hall, comme un tapis volant. C’est là que se révèle au plus près la structure des parois-poutres du bâtiment. Ce qui, depuis le hall, apparaissait comme une mégastructure, constituant majeur de l’unité intérieure du coffre à lumière, devient, au niveau 4, les parois d’un espace habité. Les poutres de la construction servent à faire descendre la lumière zénithale sur les œuvres.
C’est sous cette couche de lumière, dans un espace protégé du soleil direct par des brise-soleils, que l’on disposera les cimaises.
Accès et services
La livraison et l’accès du parking public se fait par la rue mitoyenne à l’est, au niveau 0. On est ainsi de plain-pied avec la scène de la grande salle, dans une configuration idéale. Une rampe permet l’accès à une desserte technique en sous-sol, qui mène au monte-charge de la salle d’exposition et de la salle multimédia (ce monte-charge est aussi accessible directement sur rue à l’ouest, si nécessaire)
Côté ring, on a disposé
Couronnement
En partie haute, l’enceinte de l’édifice se termine par un attique entourant le vide, logeant le centre de documentation et les bureaux (administration, cinémathèque) orientés vers l’intérieur sur le mode d’un cloître. Au nord, sur